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Link: https://www.eenet.org.uk/enabling-education-review/enabling-education-review-2/eer-2-french-translation/2-4/

Repenser la formation des enseignants du système éducatif classique, Bulgarie

Margarita Asparuhova

Notre approche générale
En 2007 nous avons commencé à concevoir et organiser des formations pour les enseignants du système éducatif classique sur la façon de soutenir et d’enseigner aux enfants ayant des besoins éducatifs spécifiques dans un cadre classique. A cette époque, la plupart des enseignants bulgares avaient encore des doutes sur les bénéfices de l’éducation inclusive, et le fait d’avoir un enfant handicapé dans leur classe ne les rassurait pas.

Dans notre travail au Centre pour l’Education Inclusive (CEI) nous avons toujours essayé d’appliquer des méthodes novatrices. Nos formations visent à présenter de nouvelles connaissances et de nouvelles approches de l’inclusion qui correspondent aux besoins réels de l’école locale. Nous avons donc pour but de:

  • Rendre les attitudes des enseignants envers l’éducation inclusive plus positive;
  • Soutenir les enseignants du système classique sur la façon d’apporter un environnement inclusif à leurs élèves;
  • Aider les enseignants du système classique à établir et à réaliser une approche basée sur le travail d’équipe dans leur collaboration avec les parents et avec les spécialistes qui soutiennent les élèves au sein de l’école;
  • Encourager les enseignants à identifier, utiliser et gratifier les forces de leurs élèves;
  • Partager avec les enseignants des exemples de bonnes pratiques issues de l’expérience pratique de nos formateurs;
  • Impliquer les enseignants dans les discussions d’études de cas et d’ateliers en groupe, pour ainsi les habituer à questionner leurs propres pratiques, et en même temps à les encourager à avoir confiance en leur propre expérience professionnelle et leurs approches pédagogiques;
  • Sensibiliser et attirer l’attention sur les handicaps soi-disant invisibles, comme la dyslexie, la dysgraphie, la dyspraxie, le Trouble Déficit de l’Attention / Hyperactivité (TDAH) et l’autisme.

Bien que le CEI fournisse aux enseignants du système classique des formations thématiques sur les façons d’apporter un soutien aux enfants ayant des besoins éducatifs spécialisés, dans le cadre classique, notre organisation n’est pas une organisation de formation typique. Notre équipe est actuellement impliquée dans un certain nombre de projets liés à l’inclusion, ce qui nous donne la possibilité d’adopter une approche plus critique sur la façon dont nous apportons des formations pour les enseignants du système classique et pour les autres intervenants (spécialistes, enseignants de soutien, parents). Cette connexion avec la réalité du travail de projet nous permet de faire des alternances avisées de nos formations, afin de satisfaire les besoins des groupes cibles et, en fin de compte, d’atteindre notre objectif de rendre des écoles plus accueillantes, des enseignants plus confiants, des parents plus satisfaits, et bien sûr, des enfants plus heureux.

Nos projets
Notre projet «Une école pour tous»1 a pour objectif d’adapter et d’appliquer largement en Bulgarie la troisième édition de l’Index pour l’inclusion.2 Le projet a montré que les attitudes des enseignants pouvaient être modifiées dans des dimensions plus profondes et plus larges quand on les conseillait avec attention et respect sur une réflexion personnelle à propos de leurs valeurs, de leurs propres pratiques et de leurs objectifs. Ainsi, les enseignants ont été capables de faire une évaluation critique de leurs propres concepts et actions, et de les changer en accord avec les besoins des autres intervenants (enfants, parents, et pairs).

Un autre projet CEI, «L’école, c’est mon droit aussi»3 implique des participants de deux écoles et deux jardins d’enfants d’une seule ville bulgare. Il cherche à rassembler dans un seul endroit les points de vue des enseignants, des spécialistes, des parents, des enfants et des représentants des autorités éducatives locales, concernant les opportunités et les défis pour développer l’éducation inclusive pour les enfants âgés de 3 à 10 ans et ayant des besoins éducatifs spécifiques. Ce projet nous a permis d’aller au-delà d’une approche «prédicative» de la formation d’enseignants et d’utiliser davantage d’approches participatives, comme des groupes de discussions ciblées, des sessions de participation des enfants pour informer les adultes, et des ateliers d’apprentissage par l’expérience pour le renforcement des compétences.

Le CEI est également un partenaire au sein du projet européen FIESTA4 (Faciliter l’éducation inclusive et soutenir le programme de transition). Ce projet a joué un rôle majeur dans la clarification de notre programme de formation des enseignants. La recherche documentaire et la recherche sur le terrain, toutes deux faisant partie du projet, ont été menées dans 8 pays de l’Union Européenne pour façonner un rapport des meilleures pratiques sur l’inclusion, le management de transition et le travail collaboratif.5

Changement de focalisation sur la formation
En affinant notre programme de formation pour les enseignants, nous avons déplacé la focalisation centrée sur des formations thématiques basées sur le diagnostique, vers des séminaires qui visent à mener à une approche plus profonde de la compréhension des capacités et handicaps existants chez les enfants. Une telle approche dépend essentiellement de l’observation directe et indirecte au sein du contexte culturel et social de l’enfant.

Par exemple, il y a quatre ans le terme «dyslexie» était à peine connu des professionnels. Désormais, il est presque excessivement utilisé pour expliquer toute forme de difficulté de lecture, et détourne éventuellement l’attention d’autres raisons possibles pour lesquelles les enfants ont des difficultés à lire (comme un traumatisme émotionnel, l’incapacité des enseignants à utiliser un style ou un rythme que les élèves préfèrent, etc.)

En tant que tel, une «approche par diagnostique» n’aide pas les enseignants à soutenir les apprenants efficacement. Des problèmes comme la dyslexie, le TDAH et l’autisme se manifestent dans un large éventail, et il est impossible de former en un seul jour un enseignant sur les façons d’enseigner à un élève porteur de tels défis. Une approche plus efficace consiste à former les enseignants plus largement sur les différentes façons dont les mécanismes d’apprentissage opèrent (mémoire, attention, fonctions d’exécution, etc.), sur les façons d’identifier certains troubles avec eux, et sur quelles stratégies peuvent aider à renforcer ces mécanismes d’apprentissage. Il est également important que les enseignants soient formés pour débattre en confiance de ces sujets avec les spécialistes aidant les enfants, leurs parents, et bien sûr, avec les enfants eux-mêmes.

Même si actuellement de nombreux enseignants attendent encore de recevoir des recettes toute faites pour résoudre les défis, ils sont de plus en plus nombreux à avoir reçu du CEI les approches les plus holistiques, autoréflexives, et participatives de la formation. De tels changements dans le programme de formation des enseignants sont plus chronophages et demandent plus d’énergie, mais ils sont réalisables et en valent la peine. De plus, ils sont un pas logique et nécessaire vers l’accueil des enfants ayant des besoins spécifiques dans les écoles du système éducatif classique.

Le Centre pour L’Education Inclusive (CEI) est une organisation bulgare non-gouvernementale, dont le but principal est de promouvoir l’éducation inclusive pour chaque enfant. Le CEI continue les dix années de travail initiées par Save The Children UK en Bulgarie et dans la région. Le CEI pense que l’on doit donner la chance à chaque enfant d’être accepté et valorisé, et il travaille pour l’inclusion sociale et la qualité de l’éducation pour tous les enfants et pour protéger ceux qui en ont besoin. L’équipe du CEI travaille avec des parents, des enseignants, des directeurs, des professionnels, les autorités locales et nationales, des entreprises, des collègues nationaux et internationaux.

Margarita Asparuhova, Chef de projet, Centre pour l’Education Inclusive Bulgarie, Sofia 1000, 60 Ekzarh Yosif Str, m.asparuhova@cie-bg.eu

Construire des relations pour l’inclusion
Un groupe d'enseignants dans le système classique, de spécialistes et d'aides-enseignants communiquent à d'autres participants une idée uniquement par des gestes. Le but de l'activité est de mettre une emphase sur l'empathie et l'attention dans l'éducation. Une aide-enseignante et un enseignant du système classique dessinent ensemble avec un seul crayon. Le but de l'activité est de provoquer l'autoréflexion sur le travail d'équipe, montrer et suivre un exemple.
Un groupe d’enseignants dans le système classique, de spécialistes et d’aides-enseignants communiquent à d’autres participants une idée uniquement par des gestes. Le but de l’activité est de mettre une emphase sur l’empathie et l’attention dans l’éducation. Une aide-enseignante et un enseignant du système classique dessinent ensemble avec un seul crayon. Le but de l’activité est de provoquer l’autoréflexion sur le travail d’équipe, montrer et suivre un exemple.
En 2013, comme il faisait partie du projet «L’école, c’est mon droit aussi», le CEI a facilité la tenue d’un atelier centré sur le renforcement de la relation -confiance mutuelle et partenariat- entre enseignants du système classique, spécialistes et aides-enseignants qui aident les enfants identifiés comme ayant des besoins éducatifs spécifiques dans le système éducatif classique.
«Le retour que l’on a reçu des participants était principalement centré sur les bénéfices de la rencontre avec «les autres», et le fait d’avoir ainsi une meilleure compréhension des responsabilités de chacun, de ses aspirations et défis, qui, avec leurs propres mots, améliorerait leur future collaboration.» Maria Tasheva, coordinatrice du projet
Nous fournirons un article plus long sur l’impact de cet atelier sur les perceptions qu’ont les participants sur les rôles de chacun, et sur la façon dont ils travaillent ensemble, pour l’édition 2014 de la revue «Enabling Education Review» d’EENET..

 

L’index pour l’inclusion est mentionné à plusieurs reprises dans cette newsletter. 

Qu’est-ce que c’est?
Le titre complet de la publication est «Index pour l’inclusion: développer l’apprentissage et la participation dans les écoles». Il a été écrit, à l’origine, par Tony Booth et Mel Ainscow, et piloté en 1997-98. Il a été révisé trois fois, la dernière fois par Tony Booth en 2011, et publié par le Centre pour les Etudes sur l’Education Inclusive. L’Index pour l’inclusion est une ressource qui permet aux écoles de mener une auto-évaluation et des améliorations. Il fournit un guide pratique pour que toute la communauté scolaire puisse travailler ensemble pour revoir tous les aspects de la culture/ des attitudes de l’école, ses politiques et ses pratiques. L’index aide les écoles à réfléchir à ses valeurs, à mener une auto-évaluation selon le point de vue de divers participants, à réaliser un plan d’amélioration pratique de l’école, et à travailler pour minimiser les barrières à l’apprentissage et à la participation. L’index a été réalisé pour être utilisé dans les écoles du Royaume Uni, mais a été adapté avec succès et traduit pour un usage dans de nombreux pays.

Où trouver des exemplaires?
Des téléchargements gratuits de l’édition de 2002 sont disponibles en anglais et dans une vingtaine d’autres langues sur le site d’EENET: http://bit.ly/1gFAcTZ
On peut acheter l’édition 2011 sur le site du CSIE: http://bit.ly/19xn0MJ

Où trouver plus d’informations sur l’utilisation de l’Index?
Le site web d’EENET et les newsletters contiennent des articles variés sur l’Index et la façon dont il a été adapté dans différents pays. Si vous avez travaillé sur la traduction et l’adaptation de l’Index, nous serions très heureux de recevoir un article expliquant comment vous avez utilisé l’Index et quels résultats vous avez obtenus.

1 ‘One School for All’ project is financed by the European Social Fund through Operational Program ‘Human Resources Development’
‘Index for Inclusion: Developing Learning and Participation in Schools’, Booth, T., Ainscow, M., revised by Tony Booth, 2011, published by Centre for Studies on Inclusive Education, UK
3 ‘School is My Right Too’ project is (partially) financed by Open Society Foundations
4 FIESTA project is funded with support from the European Commission.
5 The report will be available online by the end of 2013: www.fiesta-project.eu